LE PETIT ROI
Création 2013
JEUNE PULIC – A partir de 6 ans
Scolaires : du CP au CM2
Mise en scène : Thierry Sirou
Avec Laurence Couzinet-Letchimy et Jean l’Océan
Costumes : Marylène Joly
Création lumières : Sébastien Arribas
Bande son : Cédric Billard
Durée : 1h
D’après une histoire imaginée collectivement
Ecriture de Laurence Couzinet-Letchimy
L’HISTOIRE
La reine Georgette va mettre au monde son dix septième bébé. Ordre est donné dans tout le royaume que, « Comme l’exige la tradition, nul ne doit parler ni même bouger jusqu’à ce que l’enfant naisse. Et ce qui vaut pour les hommes vaut aussi pour les animaux et la nature. Il en va du bien-être de la reine ! »
Mais, cette fois-ci, rien ne se passe comme prévu et le tout-petit, à peine né, est rejeté de tous, accusé des mille catastrophes qui s’abattent alors sur le royaume.
Oublié de tous, enfermé tout en haut de la plus haute tour du château, il passe ses sept premières années sous le seul regard de sa nourrice. Arrachée aux siens par les gardes du roi, d’abord hostile à ce bébé qu’on l’a contrainte de veiller nuit et jour, la nourrice tombe finalement sous le charme. Un matin, elle l’écoute gazouiller…
Il babille et joue de sa voix dans son berceau. La nourrice a beau s’enfoncer la tête sous un tas d’oreillers, c’est comme si une cascade d’eau vive parvenait jusqu’à ses oreilles. Et ces sons sont si étonnants, si ravissants – comme envoutants- que la nourrice ne peut résister. Elle se lève, s’approche du petit lit et d’un geste qu’elle ne se connait pas, prend le 17ème enfant du roi dans ses bras, le pose contre son cœur en lui caressant doucement ses fins cheveux de bébé :
– « Petit…comme tu chantes, mon tout-petit !»
Ce spectacle, participatif et haletant, retrace le parcours de ce 17ème enfant que la vie dote, à la naissance, d’une voix extraordinaire.
Ce don – le petit roi en fera l’expérience – ne vaut que parce qu’il donne du bonheur aux autres et favorise l’expression harmonieuse et libre de tout-un-chacun dans son royaume.
Des personnages pittoresques et hauts en couleurs,
Des musiques anciennes de toute beauté,
Un bouillon d’émotions pour le jeune public qui vibre à l’unisson de ce petit roi qui traverse bien des épreuves et invente, avec grâce, un royaume différent…
PRESSE
1-MISE EN SCÈNE
De forme légère, pas de décor et quelques accessoires parfois réinvestis judicieusement en différentes fonctions, « Le petit roi » est un spectacle qui joue de sa proximité avec le jeune public.
Une bonne expérience des spectacles jeune public ont aussi amené Thierry Sirou, metteur en scène, à anticiper les réactions spontanées des enfants et à s’appuyer dessus pour construire la pièce dans son ensemble.
Créer une dynamique pour que leur attention, à aucun moment, ne décroche a été un souci constant ; les intégrer par moments au jeu réglé des comédiens, les surprendre et les amuser avec différents personnages (aux accents, gestuelles, mimiques, langages variés et bien trempés …), les intriguer par des représentations symboliques de leur univers d’enfant (tétine, berceau…), solliciter leur faculté d’écoute en leur proposant un univers musical inhabituel de nos jours et des dialogues vivants, favoriser leur propre imagination en investissant des marionnettes suggestives, les confronter à des situations émotionnelles très fortes (abandon, « je m’ai perdu », les copains moqueurs, la faim et l’argent, les bras d’une maman, …) tout en naviguant, loin de tout mélodrame, entre sensibilité et expression burlesque comme autant de manières d’aborder les choses de la vie avec sincérité mais aussi recul.
De forme légère (pas de décor et quelques accessoires parfois réinvestis judicieusement en différentes fonctions/ La corde, par exemple, représente successivement la plus haute tour du château, puis le cordon ombilical, enfin la couronne de la reine), « Le petit roi » est un spectacle qui apprécie la proximité avec son jeune public.
Je me suis attaché avec mes deux interprètes à générer du plaisir et de la fantaisie tout autant que du sens ; c’est tout du moins ce que nous avons ressenti en le créant. Une vraie jubilation à essayer de nous placer au niveau de l’enfant, à sa hauteur et d’en éprouver sa grandeur.
« Les enfants sont comme les marins : où que se portent leurs yeux, partout c’est l’immense. » – Christian Bobin
2-AUTOUR DU SPECTACLE
Echanges avec les scolaires
A l’issue de la représentation, les artistes échangent volontiers avec les enfants, les enseignants et les adultes accompagnateurs ; une occasion pour chacun de s’exprimer sur la pièce, d’exercer son esprit critique, d’approcher le processus de création et la réalité des artistes.
Un livre
L’histoire du « Petit roi », dans sa version littéraire, paraît en 2017 aux Éditions Magiques. Le livre permet à l’enfant-lecteur de se replonger dans les émotions ressenties lors du spectacle et à l’enseignant de mener un travail autour de l’écrit (rédiger des dialogues, imaginer de nouvelles péripéties, illustrer un extrait, faire la dictée d’un court passage, comparer l’écrit au traitement en mise en scène, jouer des saynètes….).
3-NOTE D’INTENTION
CONTEXTE HISTORIQUE
L’époque où se déroule la pièce est intentionnellement indéfinie mais laisse supposer que c’est en un temps où le roi, entouré de sa Cour, se pose en Seigneur suprême qui détient tous les pouvoirs.
Grand magicien, sa Majesté exerce non seulement son emprise sur ses sujets mais a aussi la prétention de l’étendre à Dame Nature. La tradition exige, en effet, que « lorsque la reine enfante, nul ne doit parler – ni même bouger- jusqu’à ce que l’enfant paraisse. Et ce qui vaut pour les hommes, vaut aussi pour les animaux et la nature! Il en va du bien-être de la reine».
L’AGRESSION VÉGÉTALE ET ANIMALE
« Nul ne commande à la nature s’il n’obéit pas à ses lois » F. Bacon
Cette volonté renvoie au mythe archaïque de l’apprenti sorcier. Parce que la reine met un temps excessivement long à mettre au monde son 17ème enfant, le roi commet un sacrilège, en poussant l’univers au-delà des limites que lui avait assignées le Créateur ; thème de la punition et de la destruction du monde, conséquence de l’orgueil et de la désobéissance aux lois naturelles.
En effet, parce qu’elles n’ont pas pu reproduire normalement leur cycle, les plantes se « rattrapent » et envahissent tout. Les paysans ne peuvent plus travailler la terre et disette et pauvreté s’abattent sur le royaume. L’agression des plantes et des animaux pourrait bien signifier la revanche d’une nature détruite par l’homme.
Vient en parallèle, la vision triomphante de l’enfant et de sa nourrice, tout en haut de la tour, épargnés sans le savoir, de ces multiples catastrophes.
L’enfant-innocent, dont le malheur a été de naître très tardivement et qui, du coup, a été rejeté de toute sa famille et élevé par une étrangère que des gardes ont arrachée aux siens, va pourtant porter un souffle d’espoir.
TALENT NATUREL OU DON SPIRITUEL
Cet enfant a un talent naturel : un voix d’une exceptionnelle beauté.
Cette voix aide la nourrice à surmonter son chagrin et l’injustice dont elle a été victime.
Cette voix permet à l’enfant de survivre lorsqu’un jour, il s’enfuit du château ; au marché, les gens s’arrêtent pour l’écouter chanter et le remercient du bonheur qu’il leur a donné en lui jetant des piécettes de monnaie. Quant aux commerçants, ils s’étonnent d’eux-mêmes, car au lieu de jeter les invendus, les voilà qui les distribuent avec bonne humeur et sans se sentir appauvris pour autant !
La réputation de l’enfant qui chante s’accroît et se répand de villes en villages, jusqu’à arriver aux oreilles de la cour et du couple royal. L’on y fait venir le petit… Nul ne sait plus que c’est le 17ème enfant du roi et de la reine.
Mais l’enfant n’est pas un phénomène de foire. Envahi par l’émotion, troublé de se retrouver devant ce monde qui attend tant de lui, il ne peut émettre le moindre son.
Tous, excédés, quittent le salon de musique. Encore une fois lâché de tous, il erre dans le château jusqu’à arriver dans la pièce où il a grandi auprès de sa nourrice. C’est alors que tout lui revient et son chant, d’abord presque inaudible, s’échappe de sa gorge…
Sa voix d’or crépite contre les parois des murs, s’échappe par les meurtrières, traverse vallées, rivières et forêts et brille comme une étoile dans un ciel gris au-dessus d’un paysage désolé.
Ce talent servira à la connaissance et reconnaissance de sa filiation. Réintégrant le nid familial dont il avait été exclu nourrisson, l’enfant rend surtout de l’humanité à son père – le Roi – et le libère de son despotisme ; l’enfant – qui peut aussi goûter aux joies d’une fratrie – rend la santé et la sérénité à sa mère, la Reine, qui découvre pour la première fois sans doute, le sentiment profond d’aimer et d’être une maman.
Ce talent naturel qu’il a reçu, l’enfant l’a développé, bonifié et fait fructifier, le transformant en don spirituel. Seul dans l’histoire, le vieux à la roulotte incarne l’étroitesse d’esprit et la sécheresse d’un cœur. Cupide, imperméable au sentiment de bonté générale que provoque la voix de l’enfant, il cherche obstinément à s’enrichir en le faisant chanter. Lorsqu’il constate que l’enfant n’est pas corvéable à merci, il emboîte le pas à la cour qui déserte le salon de musique et abandonne délibérément l’enfant qu’il trimbalait dans sa roulotte, de village en village, sachant bien tout le parti qu’il pouvait tirer de cette voix .
Sans jamais comprendre que la vraie richesse n’est pas seulement dans une bourse bien gonflée mais dans l’éclat de cette voix, il a néanmoins joué sa partition dans la vie de l’enfant, lui permettant de trouver sa route et de renouer avec sa famille.
La « morale » de cette histoire est que chacun a un parcours singulier à mener et que l’on peut être roi de sa vie en décidant comment réagir devant les événements, quels qu’ils soient. Haut comme trois pommes, ce petit oriente déjà le cours de la sienne et transforme ou révèle celle des autres.
Le « petit roi », d’abord rejeté de tous, deviendra finalement un « grand roi » qui favorise l’expression de chacun… Un grand roi, aimé !
© Patricia Cornu